Nom / Prénom Jacques de Beaune (vers 1455 - exactement 1527)
Informations principales

Nom : Beaune

Prénom : Jacques

Date de naissance : vers 1455

Date de mort : exactement 1527

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Biographie courte

Général des finances du Languedoc, puis du Languedoil sous Louis XII et François Ier, avec le contrôle général des finances de l'Etat après une ordonnance de 1518, Jacques de Beaune est seigneur de La Carte (Indre-et-Loire), baron de Semblançay après 1516..

Charges et/ou offices (6)
  • Activité économique

    • Marchand  (à partir de 1482)

  • Charge ou office municipal

    • Maire de Tours  (1497-1498)

  • Charge ou office royal

    • Bailli de Touraine  (1516-1527)
    • Trésorier d'Anne de Bretagne  (1491-1495)
    • Trésorier général des finances de Languedoc  (1497-1510)
    • Trésorier général des finances de Languedoïl  (1510-1516)

Biographie longue

Général des finances du Languedoc, puis du Languedoil sous Louis XII et François Ier, avec le contrôle général des finances de l'Etat après une ordonnance de 1518, Jacques de Beaune est seigneur de La Carte (Indre-et-Loire), baron de Semblançay après 1516. Il reçoit de Louise de Savoie la seigneurie de Semblançay et l'hôtel de Dunois qui jouxte son hôtel à Tours. Il transforme l'ensemble en un important palais au coeur de la ville.

Né vers 1455, à Tours, il est le fils de Jeanne Binet et de Jean de Beaune, argentier du roi et maire de Tours en 1471.
À la mort de son père, en 1480, il hérite de son affaire. Il se retrouve alors associé à la boutique de l’argenterie désormais tenue par Jean Briçonnet dit « patron » et Jean Quétier [Chevalier, 1983, p. 165]. Quelques années plus tard, vers 1487, Jacques est devenu le seul maître de l’argenterie au côté de Jean de Ponchier. Après 4 ans à la tête de la boutique, il se détourne du commerce pour mettre ses compétences au service des finances royales [Chevalier, 1983, p. 187-188]. Son accession est fulgurante. Trésorier général d’Anne de Bretagne en 1491, puis général des finances du Languedoc de 1495 à 1516, ses fonctions lui permettent de se rapprocher de Louise de Savoie qui lui confie la gestion de sa fortune personnelle. Signe de sa faveur, elle lui offre, en 1515, la baronnie de Semblançay. Trois ans plus tard, elle lui donne l’hôtel de Dunois pour agrandir sa demeure de Tours [Spont, 1895, p. 146]. Celle-ci est alors établie en fief. Il est ensuite fait bailli et gouverneur de Touraine l’année suivante avant d’être nommé à la « surintendance » des finances en 1518 par François Ier.
 
Disgrâce et exécution 
Avec les années 1520 viennent les premiers reproches. L’ensemble du système financier du royaume est remis en cause quand les gens de finance, et Jacques de Beaune en tête, peinent à fournir au roi les sommes considérables qu’il demande pour financer les campagnes militaires italiennes.
À partir de 1522-1523, sa situation devient de plus en plus critique. Louise de Savoie lui réclame l’argent qu’elle lui avait demandé d’investir dans les guerres du roi. Dans l’incapacité de lui fournir cet argent, qui appartient à la couronne, Louise l’accuse de détournement des fonds qu’elle destinait à son fils. S’il est reconnu innocent et largement créancier de la couronne, de nouvelles accusations de malversation surviennent en 1526. Arrêté le 13 juillet 1527 à Paris, il est enfermé à la Bastille. À la suite de son procès [Hamon, 2011], il est exécuté par pendaison le 12 août 1527 à Montfaucon. La nouvelle de son exécution fut suffisamment retentissante pour que le notaire tourangeau Martin Jaloignes l’inscrive dans ses minutes [AD 37, 3E1/9, 12 août 1527].
 
Implication dans la vie locale
Bien que sa carrière le place au service direct de la famille royale, Jacques de Beaune n’en garde pas moins des liens forts avec la ville de Tours. En parallèle de ses fonctions d’État, il reste impliqué dans la vie locale. Maire en 1498-1499 puis échevin jusqu’en 1518, il est l’un des hommes les plus influents de la cité  [Spont, 1895, p. 103]. La ville ne s’y trompe pas et lorsqu’elle a besoin de liquidité, c’est vers lui qu’elle se tourne à plusieurs reprises entre 1496 et 1517 [Spont, 1895, p. 102-103].

Son évergétisme se manifeste également par sa participation au financement de plusieurs projets d’urbanisme au sein de la cité. Commissaire pour la distribution des eaux de Saint-Avertin, il fait édifier, en 1511, devant son hôtel particulier, une fontaine publique dont il fournit le marbre blanc de Gênes nécessaire à sa réalisation [Spont, 1895, p. 104]. Plus tard, en 1519, lorsque Tours est en proie à la peste, il fait don de 1500 livres pour la construction d’un sanitas en dehors de la ville [Hamon, 2011].
Sa proximité avec le roi lui permet de jouer le rôle d’intermédiaire pour la ville. En 1523 notamment, quand Tours doit fournir 100 hommes de pieds, elle sollicite le surintendant pour être exemptée du troisième quartier à fournir [Spont, 1895, p. 194].
 
Bâtisseur et mécène des arts

Faisant profiter sa cité de sa richesse et de son influence, il marque la ville de son empreinte et assure la promotion des artistes tourangeaux. Pour ornementer sa chapelle privative dédiée à Notre-Dame-de-Pitié dans l’église Saint-Saturnin, De Beaune fait réaliser une fresque le représentant en prière avec sa femme et ses enfants et un tombeau. Détruites en 1805, nous n’avons que peu d’informations sur ces œuvres.
Après avoir acquis la seigneurie de La Carte-Persillère à Ballan-Miré, il confie à Jean Poyer la réalisation de vitraux de la Nativité et de l’Adoration des mages pour la chapelle du château et d’un vitrail avec saint Jean l’Évangéliste pour l’église de Ballan. Toujours pour agrémenter sa propriété, il commande à Michel Colombe une Vierge à l’Enfant [Tours 1500].
 À partir de 1506, il commence la vaste entreprise de construction de son hôtel particulier dans la paroisse Saint-Saturnin à Tours. Une dizaine d’années plus tard, c’est un véritable « palais urbain » qu’il est possible d’admirer à l’angle de la Grand-Rue (rue Colbert) et de la rue Traversaine (rue Nationale), dans un des quartiers les plus riches de la ville [Spont, 1895, p. 106].
 Dans les années 1520, il fait réaliser un cycle de tapisseries représentant 8 pièces ou scènes de la vie de Saint-Saturnin, d’après les cartons du peintre André Polastron. Destinée à l’église paroissiale Saint-Saturnin de Tours, cette tenture est achevée en 1527. Saisie, avec l’ensemble des biens du surintendant au moment de sa disgrâce, elle n’est restituée à l’église qu’en 1534 [Spont, 1895, p. 273].


Chronologie [d'après Spont, op. cit.]:

Vers 1450-1460 : naissance de Jacques de Beaune.  

1482, 17 juin : première mention de Jacques de Beaune. Il fournit au maire de Tours une robe pour assister aux fiançailles du Dauphin avec Marguerite d’Autriche. 

1488 : Jacques de Beaune acquitte le devoir hommage pour le fief de la Tour d’Argy à Montrichard. 

1490-1492 : Avec son associé François Briçonnet, Jacques de Beaune alimente pour 41 127 livres en drap et linge l’hôtel du roi. 

1491, octobre : Jacques de Beaune est nommé trésorier d’Anne de Bretagne. 

1495, septembre : Anne de Bretagne envoie son trésorier à Asti pour accueillir le roi sur son retour d’Italie.

1495, décembre : Jacques de Beaune laisse le service de la reine à son fils Jacques II, et devient trésorier général de Languedoc. Il entre au Conseil du roi. Sa circonscription s’élargie au Lyonnais, Forez et Beaujolais, puis (en 1498) à la Provence et au Dauphiné. 

1496, janvier : Jacques de Beaune représente la couronne aux Etats de Montpellier. 

1497 puis 1500 : Anne de Bretagne à Tours loge dans l’hotel de Jacques de Beaune. Elle y dépose ses tapisseries et bijoux.

1497, 31 aout : acquisition de la seigneurie de la Carte. Achat à Antoinette de La Trimouille. En novembre François de La Rochefoucauld, dame de Montbazon, lui abandonne la haute justice et l’autorise a construire un château ou maison forte.

1498, 29 juin :  Louis XII confirme Jacques de Beaune dans son office. 

1503 : Jacques de Beaune prête 23 000 livres pour combler une partie du déficit royal. 

1504, décembre : Jacques de Beaune escorte la reine qui fait son entrée solennelle à Paris. 

1505 : Accusations par l’amiral de France Jacques de Gié de malversation à l’encontre de Jacques de Beaune.

1507, 1509 : Jacques de Beaune est régulièrement en Italie. 

1507:  début de la construction et de l’agrandissement de son hôtel à Tours. Construction d’un pavillon et de la chapelle.

1509 :  Jacques de Beaune reçoit du roi une gratuité de 1812 l. t., 1200 l. t. de pension et 2940 l. de gages. 

1510, janvier : Jacques de Beaune est fait chevalier. 

1510, février : Jacques de Beaune devient trésorier général des finances de Languedoil (première charge de l’Etat), suite au décès de Pierre Briçonnet, et alors qu’il en assume déjà l’intérim. Il administre les finances des deux tiers du royaume.

1510-1511 : Réalisation à Tours de la fontaine publique devant son hôtel. Il fait venir le marbre de Gênes. 

1511 : procès avec Thomas Ruzé, son neveu autour de la succession de Jean Ruzé.

1514 : Jacques de Beaune est seigneur de Montrichard. 

1515 : Expédition de François Ier vers le Milanais : Jacques de Beaune reste en France auprès de Louise de Savoie et organise le financement de la guerre. 

1515 : Louise de Savoie confie à Jacques de Beaune la gestion de son douaire. 

1515, décembre : Jacques de Beaune reçoit en cadeau la baronnie de Semblançay. Il porte le titre baron de Semblançay. 

1516, juillet : A Tours, Jacques de Beaune participe à l’organisation de l’entrée solennelle de François Ier. 

1516, septembre : Jacques de Beaune cède sa charge de trésorier général de Languedoil à son fils Guillaume. 

1516, novembre : Jacques de Beaune devient gouverneur et bailli de Touraine. 

1518, 26 janvier : Jacques de Beaune est confirmé dans sa commission de général « hors cadre » et d’intendant des menus plaisirs. Il a un regard sur toute la vie de la cour et toutes les finances du royaume. 

1518 à partir de janvier : Louise de Savoie entreprend de grands travaux à Amboise et au Plessis. Jacques de Beaune fournit 240 000 l.t. pour des achats d’ameublement, vaisselle, tapisserie, habits, garniture de chapelle et de chambres. 

1518, février : Louise de Savoie donne à Jacques de Beaune l’hôtel de Dunois qui jouxte celui de Beaune sur la Grand Rue. Début de la construction de la galerie qui relie les deux corps de maison.

1518 : Travaux à Semblancay : endiguement de l’étang et construction d’un manoir et de la chapelle. 


1520, 9 aout : Martin (23 ans), fils de Jacques de Beaune, devient archevêque de Tours.

1520, octobre : Semblançay reçoit en don les anciens boulevards, tours, fossés et terrains contigus à la muraille de Tours. 

1521 : Campagne militaire vers l’Italie. Les comptes royaux assument difficilement les charges. Jacques de Beaune recherche avec difficulté des fonds. Le roi lui doit déjà des sommes importantes. 

1522, 4 avril : Erection de l’hôtel de Beaune en fief, confirmée par le roi « pour recongnoissance des grans, bons et proffitables services [qu’il] a fait à nos prédécesseurs et à nous ». 

1522, août : Jacques de Beaune sollicite le chapitre de Saint-Martin pour fondre la grille offerte par Louis XI et participer ainsi à la levée de 240 000 l. t. sur les trésors des églises. 

1522 : Jacques de Beaune obtient la permission de bâtir un moulin sous la 4e arche du pont de Tours. 

1523, janvier : Mise ne place d’une commission pour liquider les comptes en souffrance. Elle est dirigée par Philibert Babou, trésorier de France et contrôleur général des finances de Louise de Savoie. Il supplante Jacques de Beaune qui doit lui rendre des comptes. Les remboursements de la monarchie sont suspendus. 

1523, 28 décembre : Ordonnance qui réforme l’organisation des finances du royaume. 

1524, 15 avril : Le roi demande à Jacques de Beaune de rendre toute sa vaisselle et celle de Louise de Savoie. Il est remplacé par Babou à la tête de la maison de Louise de Savoie. Il perd totalement la confiance de celle-ci. 

1524 : début des débats et procès autour de 600 000 livres de Naples dont Jacques de Beaune a été comptable. 

1526 : Jacques de Beaune est acculé par ses débiteurs florentin et lyonnais. Sans les créances royales il ne peut rembourser et trouve des expédiants auprès de Martin de Beaune et dans la vente de biens personnels. 

1526 : Commande de la tenture de Saint-Saturnin pour l’église paroissiale du même nom à Tours. 

1527, 13 janvier :  Jacques de Beaune est arrêté à Paris, emprisonné à la Bastille. 

1527, 22 janvier : Début du procès de Jacques de Beaune. 

1527, 16 mai : Ordonnance royale pour saisir tous les papiers et journaux de Jacques de Beaune

1527, juillet : Acte d’accusation de Jacques de Beaune : il comprend 25 articles. 

1527 9 aout : Jacques de Beaune est condamné à mort. 

1527, 11 aôut : Jacques de Beaune est exécuté après avoir été défait de l’ordre de la chevalerie, conduit à Montfaucon où il est pendu. Son cadavre est exposé au gibet de Montfaucon pendant 4 a 5 jours. 

1527, 19 août :  le roi demande au bailli de Tours ou à ses lieutenants des sièges de Tours, Loches, Chinon, Châtillon-sur-lndre et Montrichard d'assigner les débiteurs et  les créanciers de Semblançay, de vendre ses meubles et ses immeubles .

D. Rivaud et ParTouRs

Lieux de résidence (3)
  • 1480-1527 : Rue Traversaine (Paroisse Saint-Saturnin)

  • 1515-1527 : Semblançay (Indre-et-Loire)

  • Période inconnue : La Carte (château de) (Joué-lès-Tours)

Personnes associées (5)
  • Relations familiales

    • Beaune, Colette de
    • Beaune, Raoulette de
    • Binet, Jeanne
    • Jean de Beaune
    • Ruzé, Jeanne

Liens/Bibliographie

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Bibliographie de référence (5)

Pour citer cette fiche
Renumar - Outil de Référencement Biographique - Fiche de Jacques de Beaune - Dernière mise à jour le 08 février 2025 orb.univ-tours.fr/personnes/100/